Hier 25 juillet 2022, Emmanuel Macron, tout juste réélu il y a quelques mois, était au Cameroun, puis de là, il se rendra au Bénin et bouclera sa tournée le 28 juillet par la Guinée-Bissau. Première observation, Macron II semble avoir abandonné certains principes de Macron I, lesquels principes consistaient à bouder, les partisans du pouvoir à vie, les dictateurs et autres tyrans. Au Cameroun, avec qui les relations avec la France n’ont jamais été que tièdes, Macron échangera avec le vieux locataire du palais d’Etoudi, 90 ans, Paul Biya, qui est à son 7e mandat, et qui pourrait en briguer un 8e, telle est en tout cas la volonté du parti-Etat, le RDPC. Mais ce tropisme dans cette région de l’Afrique pourrait avoir ses raisons dans la volonté d’une reconquête d’un terroir jadis français, le fameux précarré, lequel est en train au mieux de prendre ses distances, au pire de tomber dans l’escarcelle d’adversaire de la France. C’est bien avec un profil bas que Macron rencontre Biya, qui n’est pas le prototype du démocrate modèle, mais la France pense-t-elle actuellement à ce mode de gouvernement ? N’est-ce pas à la stabilité du pays, aux affaires qu’elle peut y faire qui l’intéresse ? Sur ce plan, la France a changé son fusil d’épaule, car perdre coup sur coup la Centrafrique où se sont engouffrés Russes et Rwandais, la RD Congo qui n’appartient en vérité à aucune puissance à part entière, le Gabon et le Rwanda qui ont rejoint le commonwealth, tout cela fait beaucoup de dommages économiques, géopolitique et géostratégique à la fois ! Et encore s’il n’y avait que cette régression dans l’ex-précarré. Car il y a les Russes qui sont là. La veille de son arrivée à Yaoundé, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, était au Congo-Brazza où il a eu une oreille attentive du chef de l’Etat Denis Sassou N’Guesso, dont le pays s’est abstenu de voter contre la Russie à l’ONU dans la guerre qui l’oppose à l’Ukraine. Or, il n’y a pas plus francophone et francophile que DSN ! Au Cameroun, Biya totalise 40 ans de pouvoir, autant dire qu’il y accédait au moment où Macron n’avait qu’un an ! Au Bénin, la France retrouve un bout de son précarré, mais beaucoup d’eau a coulé, et outre le sentiment-anti-politique français assez diffus mais présent, Macron devra reconquérir les cœurs d’une jeunesse béninoise, trouver le moyen de rendre en bloc les œuvres d’art (on parle de loi-cadre). Ici aussi la descente du terrorisme vers les côtes, le Bénin a déjà été attaqué 3 fois dans son septentrion, ici donc, la diversification des partenaires sécuritaires pourrait prospérer, notamment Russie, Turquie… En ce qui concerne la Guinée-Bissau, lusophone, ce séjour macroniste serait lié à la CEDEAO, dont le président Umaru Embalo Sissoco assure la présidence. Parler aux Africains, sans être au front office à travers la CEDEAO, voilà une des nouvelles facettes de la politique africaine de la France, qui n’est morte comme l’a décrété Macron à Ouaga, loin s’en faut ! .
Mourya, la voix du Niger