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Annulation visite de Macron à Bamako: Le coq gaulois refuse d’avaler la couleuvre malienne

La Covid-19 a vraiment bon dos. Tirant prétexte de la recrudescence  du coronavirus, notamment de son récent variant Omicron apparu il y a quelques semaines en Afrique du sud, le président français Emmanuel Macron a annulé le voyage qu’il devait effectuer à partir d’aujourd’hui au Mali. Un séjour au cours duquel il devait rencontrer le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, avant d’aller réveillonner la nuit de Noël avec les éléments de la Force Barkhane stationnés à  Gao. «Cette visite a été annulée dans un souci de cohérence entre les mesures annoncées au niveau national et l’agenda international du président, et dans un souci de ne pas exposer notre dispositif militaire dans un moment de dégradation de la situation sanitaire en métropole»,  justifie l’Elysée.

Jupiter n’aura donc pas l’occasion de partager l’ordinaire amélioré des soldats et de plastronner au milieu d’eux en chef de guerre qui, au passage, doit engager bientôt un autre combat, politique celui-là, pour la reconquête de l’Elysée. Autant dire que sur les sables mouvants du Grand Nord malien, le président non encore candidat venait quelque part battre campagne. Il n’en sera finalement rien. La faute, derrière le paravent du virus à couronne, à des mésintelligences entre Paris et Bamako sur le format de cette escapade jupitérienne  et à des problèmes protocolaires.

Parallélisme des formes, puisque le président de la République française ne se déplace jamais à Roissy, à Orly ou au Bourget pour accueillir ses homologues africains, celui qui dirige le Mali depuis la colline du pouvoir aurait voulu envoyer son premier ministre Choguel Maïga dont soit dit en passant les relations avec Macron ne sont pas cordiales, accueillir l’illustre visiteur à Bamako Sénou. Désaccord également sur le menu des échanges, la partie malienne, pour des questions de souveraineté nationale, ne souhaitant discuter comme l’aurait souhaité l’hôte de marque, ni du délai de la Transition, ni de Wagner, la société privée de mercenaires russe  avec qui  les «transitaires» maliens voudraient signer un contrat pour suppléer la réduction de la voilure de Barkhane qui a déjà commencé à plier bagages dans certaines localités comme Tombouctou ou Tessalit. Couleuvre supplémentaire que le Palais de Koulouba aurait voulu faire avaler au coq gaulois, Macron devait être accompagné à Gao par le ministre de la Défense et non par Goïta lui-même. Sans oublier que selon, d’autres sources, le président français aurait voulu d’un mini-sommet à l’occasion de sa rencontre avec l’homme fort de Bamako qui y a opposé un refus catégorique.

C’était plus que ne pouvait en supporter le chef des armées françaises qui a pris la décision qu’on sait pour ne pas avoir à subir pareil camouflet diplomatique. On en est d’ailleurs à se demander si les Maliens n’ont pas mis exprès la barre de leurs exigences trop haut, sachant pertinemment que leurs partenaires ne pourraient pas la franchir.

 On peut, de ce fait, raisonnablement penser que Bamako a remporté la partie à fleuret moucheté qui se jouait dans les coulisses mais à coup sûr, ce nouvel épisode ne va pas contribuer à la décrispation entre les deux pays dont les relations étaient déjà suffisamment tendues depuis quelques mois.  Pour cette raison du reste, le séjour malien de Jupiter était un peu risqué avec le sentiment antifrançais particulièrement prégnant au sein d’une bonne partie de la population. Ce rendez-vous manqué ne peut donc que laisser des traces de part et d’autre mais il faut se garder pour autant de penser que la rupture, qu’aucun ne souhaite en réalité, est désormais consommée .

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