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Arrestation de Foninké Mengué en Guinée: La chasse à l’homme bat son plein

Les semaines se suivent et se ressemblent en Guinée. Avec leurs lots de manifestations souvent interdites et parfois réprimées ainsi que sa cargaison d’embastillés. Et le scénario, digne d’un film policier, est invariablement le même selon les témoignages. Des forces de sécurité débarquent encagoulées, de préférence nuitamment, chez la cible tandis que leurs compères bloquent les ruelles attenantes avec des voitures banalisées. Et hop, vous êtes pris dans une souricière qui se referme sur vous. Impossible d’y échapper. Derniers en date à faire l’amère expérience de ces prises d’otages comme le qualifient certains, Foninké Mengué et Ibrahima Diallo, respectivement coordinateur et responsable des opérations du Front national pour la défense de la constitution (FNDC), arrêtés le samedi 30 juillet 2022 et emmenés vers une destination inconnue. On apprendra plus tard que le premier cité, après une escale au camp militaire de Kaila a finalement été expédié au Haut commandement de la gendarmerie, en détention à la direction des investigations judiciaires de la Maréchaussée. Ils seront rejoints plus tard par Saikou Yaya, responsable exécutif de l’Union des forces républicaines (UFR). La chasse à l’homme, jamais fermée, bat donc son plein, avec la faune politique dans le rôle du gibier et l’ancien patron des forces spéciales comme giboyeur en chef. Mais pourquoi donc une telle débauche de violence, pourquoi de telles descentes nocturnes des éléments des troupes aéroportées de l’armée et de la BRI, l’unité de lutte contre le banditisme et le …terrorisme comme s’il s’agissait de dangereux criminels alors qu’il aurait suffi d’une convocation en bonne et due forme pour que les intéressés s’y plient ? On l’aura compris, sous les soleils du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), les opposants et leurs associés de la société civile sont considérés comme de vulgaires gangsters qu’il faut traiter comme tels. Il y a du reste bien longtemps que cela dure en Guinée où les adversaires politiques sont des ennemis regardés comme l’incarnation du mal. Et l’arrivée aux affaires du lieutenant-colonel Mamadi Doumbouya n’a rien changé à la situation, bien au contraire. Le redresseur de torts, entré par effraction sur la scène politique le 5 septembre 2021 pour faire pièce aux velléités monarchiques du professeur Alpha Condé, est, lui aussi, devenu un roitelet qui ne saurait souffrir le moindre crime de lèse-majesté et qui s’attèle donc à étouffer tous ceux qui rament à contre-courant du CNRD. Le plus invraisemblable dans cette histoire est que ces embastillements interviennent alors que les contempteurs du régime venaient de décider d’une suspension de leurs manifestations pour donner une chance à la médiation de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest sur fond de polémique entre l’organisation sous-régionale et la junte. Alors que pour la CEDEAO, il n’est pas question de concéder à la Guinée plus que les 24 mois octroyés aux transitions malienne et burkinabè, les nouveaux maîtres de Conakry tiennent mordicus à leur 36 mois au prétexte que les deux ans seraient insuffisants pour mettre en œuvre le programme de refondation politique et économique dont ils seraient porteurs. Et pour cela, ils sont prêts à étouffer la plus petite voix discordante. A ce rythme, les Guinéens vont finir par regretter Alpha le tripatouilleur et peut-être même le bouffon Moussa Dadis Camara dont Doumbouya semble être un clone .

MOURYA, LA VOIX DU NIGER 

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