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Assimi Goïta: Attention à ne pas trop jouer avec le feu !

Rien que pour mener une transition à sa guise en filant le parfait amour avec la société de sécurité privée russe Wagner, le colonel Assimi Goïta est prêt à tout, y compris l’isolement du Mali non seulement de ses voisins, mais du reste du monde. La dernière illustration parfaite des comportements cavaliers et suicidaires de la junte militaire malienne est l’ultimatum de 72 heures qu’elle a adressé, ce mercredi, au porte-parole de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). En effet, les putschistes ont sommé Olivier Salgado, à qui ils reprochent des «publications tendancieuses et inacceptables», de faire ses valises et de quitter le territoire malien dans un délai de 72 heures. Celui qui parle au nom de la Minusma depuis 9 ans et apprécié pour son professionnalisme, notamment lors des dizaines de conférences de presse qu’il a animées, s’il n’est pas déjà parti de Bamako, n’a plus que quelques heures pour exécuter les ordres du colonel qui a horreur de la contradiction. Olivier Salgado aura donc payé pour avoir bien fait son travail, ignorant cependant que les 49 militaires ivoiriens, triomphalement brandis devant l’opinion nationale et internationale comme des «mercenaires» et en détention depuis le 10 juillet, étaient des trophées de guerre pour le pouvoir kaki de Bamako, toujours en quête de populisme. La junte militaire qui a fait de l’humiliation de ses voisins et de tous ceux qui s’opposent à ses méthodes radicales qui conduisent au musèlement du peuple, n’en n’ait pas à son premier coup. Il est même passé maître dans l’art de mettre en difficulté des personnes, des organismes et des pays qu’il considère comme des ennemis, pour s’en débarrasser, sans état d’âme. Le retrait du Mali du G5 Sahel, force conjointe constituée par ce pays, la Mauritanie, le Tchad, le Niger et le Burkina Faso; la mise à mort des accords de défense avec la France, qui a conduit ou accéléré le départ des forces française Barkhane et européenne Takuba; l’expulsion de la centaine de soldats composant le contingent danois; le renvoi de Joël Meyer, l’ambassadeur de France au Mali; la coupure des signaux de RFI et de France 24 au Mali; fixation d’un délai hors-norme de sa transition à 5 ans avant de plier l’échine sous les sanctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), etc. Ce sont autant d’actes à mettre au compte de cette junte militaire malienne qui, visiblement pour vivre pleinement son amour avec les Russes de Wagner, peu ou prou soucieux du respect des droits de l’homme, encore moins des valeurs de la démocratie, fait un nettoyage complet et en profondeur. En tout cas, le colonel Assimi Goïta semble ne pas se rendre compte que sa politique de gouvernance qui se limite à isoler le Mali de ses voisins, voire du reste du monde ne peut pas prospérer alors que pour la survie de l’Afrique de l’Ouest confrontée aux crises sécuritaire et humanitaire, l’union des peuples et la mise en commun des stratégies de leurs dirigeants et de leurs armées constituent la seule voie de salut. Il faut que Assimi Goïta et sa junte, évitent, pour des intérêts égoïstes et très personnels, de souffler sur les braises. Question : Goïta sait-il que c’est la même foule qui a crié «vive le président» qui criera encore «à bas le président» ? Le colonel sait-il que de Zorro, on peut passer à zéro à force de se mettre tout le monde à dos ? .

MOURYA, LA VOIX DU NIGER

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