MOURYA
Le Pouls du Niger

Attaque contre la ville garnison de Kati: Les limites d’une propagande triomphaliste de la junte militaire malienne !

Le Mali a été frappé en plein cœur par des terroristes, qui ont mené plusieurs attaques audacieuses d’abord dans des localités proches de Bamako, avant de toucher la capitale à travers l’assaut mené le 22 juillet aux premières heures de la matinée contre le centre de décision de l’Etat malien à savoir le camp de Kati où réside le Président de la transition, le colonel Assimi Goïta et son ministre de la Défense nationale, Sadio Camara. C’est aux environs de 5 heures du matin que les Bamakois ont été réveillés par des détonations et le crépitement des fusils en provenance de la caserne de Kati. Le Mali et la communauté internationale ne vont pas tarder à apprendre que c’est une attaque terroriste menée par des combattants «kamikazes» à bord de 2 véhicules bourrés d’explosifs, qui a été menée contre le centre névralgique du pouvoir malien à savoir la ville garnison de Kati située en périphérie de la capitale, à seulement 15 km de là. Une attaque audacieuse revendiquée par le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) d’Iyad Ag Ghali, et qui a laissé pantois de nombreux Maliens qui ont été abreuvés pendant des mois par la rhétorique guerrière des autorités de la transition qui n’ont eu de cesse de parler de la «montée en puissance des Forces armées maliennes FAMas». Certes, le dernier classement du site américain Global Fire Power spécialisé dans les questions militaires, met le Mali en troisième position des puissances militaires d’Afrique de l’Ouest en 2022. Le soutien militaire russe en termes d’équipements aériens et terrestres est probablement passé par là. Mais qu’en est-il de l’utilisation efficiente et efficace de ces énormes moyens militaires mis à la disposition de cette armée qui était pratiquement en lambeaux avant l’arrivée des Russes, du fait de la mal gouvernance qui caractérisait le secteur ? C’est véritablement la question que l’on est en droit de se poser au vu de la vulnérabilité évidente de l’armée malienne. Pourtant, ce qui s’est véritablement passé à Kati ce 22 juillet, est loin d’être une surprise pour tous les observateurs avertis des questions sécuritaires au Sahel. En effet, l’épisode d’Aderamboukane des 4 et 5 juin 2022, marqué par la reprise de la ville par l’état islamique après l’entrée dans un premier temps des troupes du Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés ( GATIA) du général Ag Gamou appuyées par le Mouvement pour le salut de l’Azawad( MSA) de Moussa Ag Acharatoumane et par les FAMa, montrait déjà les limites d’un discours triomphaliste de la junte malienne en matière de sécurité. Jusqu’à ce jour, selon nos informations, l’EI garde son emprise sur cette localité qui n’est pas loin de Menaka et de la frontière nigérienne. Le concept de «la montée en puissance» tant vanté par la junte militaire, semble n’être que de la poudre de perlimpinpin destinée à endormir les plus crédules. Et ça marche pour renforcer sa légitimité tout aussi tant recherchée! Du moins auprès d’une opinion publique malienne qui croit dur comme fer que son armée est en train de prendre le dessus sur les terroristes. L’attaque de Kati est venue cueillir à froid tous ceux qui s’étaient endormis paisiblement sur leurs lauriers et leur certitude en pensant à une prétendue invulnérabilité de l’armée malienne depuis l’arrivée des Russes dans le pays. Une myopie historique flagrante car, pour peu que l’on ait un peu de mémoire, l’on se souviendra que la Russie, malgré tous ces moyens militaires, avaient été contrainte de battre en retraite de l’Afghanistan le 15 février 1989 face à des talibans plus aguerris, à la guérilla. Ce qui n’arrange pas la situation de la junte malienne, c’est la décision cavalière du pays de quitter le G5 Sahel au motif que les pays membres lui refusent son droit légitime d’accéder à la présidence de l’organisation au nom du principe de la présidence tournante. Cette attitude plus passionnée et émotive qu’autre chose, dénote d’une totale absence de vision des autorités maliennes qui ont préféré verser le bébé avec l’eau du bain, au lieu de prendre un peu de temps de réflexion et d’analyse afin d’adopter une posture plus responsable pour la sécurité régionale. Le réveil a été douloureux pour la junte et ses supporters après l’attaque spectaculaire de Kati. Il faut espérer au nom de la sécurité du Mali et des pays de la sous-région, que la junte ait cette-fois ci les pieds sur terre, et prenne la mesure de son échec. Ce qui lui permettra de revoir sa copie, afin de mettre en place une stratégie plus responsable, loin de la propagande stérile, pour sécuriser la transition, la capitale, les Maliens et assurer une reprise en main véritable du pays dont une bonne partie semble être sous l’emprise des groupes terroristes plutôt que sous celle des FAMa et des mercenaires de Wagner .

G. A

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