MOURYA
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Décès de Desmond Tutu Il part laissant une nation arc-en-ciel avec des démons assoupis d’un œil

Trois kaléidoscopes pour camper le personnage qui inventa le vocable arc-en-ciel pour désigner une Afrique du Sud mosaïque de peuplements.

  • 1) 1er Noir nommé doyen anglican de la cathédrale Saint Mary de Johannesburg ;
  • 2) 1984 Nobelisé en Suède, le deuxième après Nelson Mandela ;
  • 3) 1995 : il verse des larmes devant les victimes et les bourreaux qui témoignaient devant la Commission Vérité-Justice et Réconciliation dont Nelson Mandela lui avait confié les rênes.

Desmond Tutu, le théologien de l’Ubuntu, figure religieux et politique de l’Afrique du Sud a tiré sa révérence, au lendemain de la naissance du christ, le 26 décembre 2021 au cap. Après une vie bien remplie. Le président Cyril Ramaphosa se dit «attristé par cette disparition», Thabo Makgoba, archevêque du cap affirme que «l’Afrique du Sud a besoin d’autres Tutu …», Barak Obama de «Phare» et «mentor».

Il est de la même fibre que les Walter Sisulu, Nelson Mandela, et toutes les icones anti-apartheid et fait donc partie des grands hommes de l’Afrique du Sud de ce demi-siècle écoulé.

C’est un homme engagé dont la vie aura été toujours marquée par des défis, et qui s’en va quelques semaines après le décès de l’ex-président Blanc, Frederik de Klerk. D’ailleurs, la lutte contre l’apartheid se confond aussi avec une partie de celle de ce prêtre anglican.

C’est un survivant qui n’a pas marchandé son engagement. Il sera resté en Afrique du Sud, alors que tous ceux qui guerroyaient contre ce développement séparé avaient été tués dans les donjons-mouroirs, ou en exil, lui, promenait sa petite silhouette voutée et son crâne dégarni jonché de cheveux dans l’éternel cape violet dans les villes pour réconforter des victimes et faire pression sur l’Occident, afin qu’il fasse cesser l’apartheid.

Humour mêlé de sérieux, il pouvait rire d’un drame tout en le dénonçant et verser des larmes. Bien qu’il n’ait toujours été d’accord avec Madiba, il était bien l’allié de ce dernier. Madiba était la face politique anti-apartheid, lui la face sociale.

Il fut utile à sa société et à la Nation arc-en-ciel, qu’il laisse avec un apartheid sous-jacent. Actuellement, il y a toujours ce système inique, mais tacite en Afrique du Sud. Economiquement, ce sont toujours les Blancs qui sont les patrons, et Nelson Mandela aura œuvré à cela, sachant que si les Noirs prenaient l’économie en mains, c’aurait été un autre apartheid.

Depuis la colline de Quunu, où le célèbre gisant repose, il peut se dire qu’il a vu juste. Desmond Tutu laisse un apartheid entre le Noirs, car épisodiquement, les Africains d’autres pays sont victimes de ratonnades de la part des Sud-Africains.

La question foncière reste également une question délicate. N’empêche, l’ecclésiaste a rempli son œuvre temporel et sans doute, spirituelle aussi sur terre, et il part, en souhaitant sans doute que ses compatriotes des villes comme des Townships préservent cet équilibre précaire, qui fait que subsiste toujours ce vivre-ensemble. Les démons de l’apartheid dormant d’un œil.

Mouriya

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