Décrispation politique en vue, dira-t-on. C’est là aussi, l’interprétation qui est faite, au sein de l’opinion nationale à propos de l’entrée de Mahamane Ousmane à l’hémicycle. Le challenger du président Mohamed Bazoum au second tour de la présidentielle du 21 février 2021 vient ainsi prendre acte de sa défaite électorale, après l’épuisement de toutes ses possibilités de recours. Aussi, l’Opposition politique nigérienne est à la fois interpelée et appelée à exercer son rôle, conformément à son statut révisé et accepté par toutes les tendances politiques. Tous les regards sont à présent pointés en direction de l’autorité morale de MODEN FA Lumana/Africa, Hama Amadou. A quand le retour au bercail du principal leader du Mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine (MODEN FA Lumana/Africa) ? A première vue, rien ne s’oppose à son retour. Bénéficiant d’une autorisation expresse pour aller se faire soigner à l’extérieur, précisément en France, Hama Amadou continue d’y séjourner, donnant l’impression d’être, à nouveau, en exil. Dans la réalité des faits, son statut actuel n’est pas loin de là, dès lors qu’une fois foulé le sol de son pays, il devrait logiquement regagner la case prison où il y était au moment de son départ pour Paris. Sauf intervention d’une autre décision. C’est certainement ce sort lui renvoyant encore en prison que l’autorité morale du MODEN/FA Lumana/Africa veut s’épargner, d’où la prolongation de son séjour hors du Niger. Deuxième force politique du pays, le parti de Hama Amadou est incontournable pour la marche de la vie démocratie nigérienne. C’est, avant tout, la figure de proue de l’Opposition, sans laquelle, la vitalité démocratique sous-tendue par le débat contradictoire est diminué. Le retour du principal leader du MODEN/FA Lumana-Africa peut apporter un élément supplémentaire à la décrispation politique, qui se profile à l’horizon, et de surcroît, dans le contexte sécuritaire actuel très difficile, qui appelle à une union sacrée de tous les Nigériens. Mais encore faudra-t-il que le concerné donne des gages de bonne volonté, à ne pas ramer à contrecourant de la décrispation. A l’ère où dans l’espace ouest-africain, le temps est à la paix des braves entre les différents adversaires politiques, son retour dans un cadre de rapport civilisé devrait être envisagé à l’image de celui de l’ancien président Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire ou encore de Blaise Compaoré au Burkina Faso. Accusé d’avoir joué un rôle trouble dans les violences postélectorales de 2021, Hama Amadou avait été dès lors interpelé et placé en détention au camp pénal de Filingué .
Oumarou KANE