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Dernier tournant des Assises Nationales au Mali: Les fuites en avant de la junte militaire

Les Assises nationales ont abordé leur dernière ligne droite hier lundi 27 décembre. Le Centre de conférence de Bamako a fait salle comble. Toutefois, manquaient à l’appel des partis politiques et des organisations de la société civile d’envergure. Et c’est, sans doute, la preuve que ces rencontres qui sont à l’étape nationale ont subi un boycott important qui leur ôte la crédibilité essentielle dont elles ont besoin pour avoir la double onction populaire et internationale. Toutefois, il faut reconnaître à ces Assises, le mérite d’avoir escaladé la montagne de difficultés politico-socio-économiques et surtout sécuritaires à laquelle fait face un Mali dont les populations perdent espoir de jour en jour, contrairement à la propagande du «tout va bien» menée, tambour battant, par la junte militaire au pouvoir. Les dirigeants de la transition qui, visiblement n’ont d’autre but que celui de s’accrocher, le plus longtemps possible à un pouvoir qu’ils ont arraché par les armes, ne proposent guère d’alternative à «l’état de déliquescence du Mali», pour emprunter les mots à l’auteur des deux putschs en moins d’un an, le colonel Assimi Goïta.

Ces Assises nationales qui sont loin de constituer une priorité pour une équipe transitoire dont le devoir premier est l’organisation des élections pour un retour du train malien sur les rails de la démocratie, se présentent donc comme une trouvaille diaboliquement géniale pour les nouveaux maîtres de Bamako, de s’éterniser au palais de Koulouba. Pour un Mali nouveau et prospère, le chemin le plus court, et sans aucun doute le plus sûr, est celui du retour à un pouvoir civil, toute chose qui devrait donner aux militaires formés dans les grandes écoles des armes, grâce à l’argent du contribuable malien, le temps d’élaborer des stratégies de combat efficaces contre le terrorisme qui endeuille au quotidien, l’armée et les populations civiles. Si les militaires maliens préfèrent les lambris dorés des palais présidentiels à la défense de l’intégrité du territoire national, quel sort est donc réservé au peuple pris entre le marteau des djihadistes et l’enclume de la pauvreté endémique dans laquelle végète, à l’instar de bien d’autres pays africains, le «Maliba» (le grand Mali), expression chère à l’ancien président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, déposé par les soldats de Kati, un certain 18 août 2020?

Quid du timing des élections, dont le deadline prévu pour février 2022, ne peut visiblement plus être tenu? Les autorités de la transition malienne n’en n’ont cure! Elles ont même déniché des boucs émissaires tout trouvés, notamment le sentiment anti-français sur fond de querelle franco-russe. Dans cette logique, les dirigeants de la transition cultivent un flou artistique sur leurs relations avec la Russie, en ce qui concerne l’implantation de la société de sécurité russe Wagner au Mali. Le Mali du célèbre empereur conquérant Soundjata Keïta, est-il aujourd’hui, autant en manque de stratèges au point de s’accrocher à des solutions exogènes, qu’elles viennent de la France, des Etats-Unis ou de la Russie pour assurer la sécurité de ses enfants dont la fierté nationale est appréciée partout où ils vivent? Non! Tout le reste, dont les Assisses nationales boudées par les mouvements politiques et associations de la société civile crédibles au Mali, n’est que fuite en avant et ruse pour la junte militaire de s’éterniser aux commandes du pays .

MOURYA LA VOIX DU NIGER

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