Est-ce l’attaque dont il a été l’objet le 2 décembre 2021 à Porga par des supposés terroristes qui poussent le Bénin à être sourcilleux sur la cohabitation à ses frontières ou est-ce un fait qui est survenu pour d’autres raisons ?
Ce 28 décembre 2021, à 96 heures de la Saint-Sylvestre, de paisibles pêcheurs nigériens qui avaient leurs pénates mitoyantes à la frontière-Bénin-Burkina ont été «expulsés» manu-militaro par les forces béninoises en opération dans cette région.
Ces pauvres hères des communes rurales de Gatwani et Tounouga (Bénin) sont –ils été les victimes collatérales de l’attaque de Porga, survenue le 2 décembre dernier en territoire béninois ? Les pêcheurs nigériens arboraient-ils des insignes notamment la cocarde noire des djihadistes ? Pourquoi ce ne sont que des Nigériens qui ont été vidés des lieux ? C’aurait été des Béninois, les aurait-on traité pareillement ?
Toujours est-il que 500 hommes, femmes et enfants ont été contraints de quitter le village de Kualou, pour rejoindre le Niger, où des mesures de prise en charge ont été prises rapidement selon le gouverneur de Dosso. Au total, 81 ménages, selon les autorités nigériennes ont été accueillis, ce qui n’étonne guère, puisque la politique du retour de ceux qui avaient fui le terrorisme est pratiquée par le président Bazoum, qui n’hésite d’ailleurs pas à aller in situ pour exhorter ses compatriotes à regagner le bercail.
«Nous n’avons chassé personne», a martelé pourtant le Bénin, la main sur le cœur. En tout cas, à présent, c’est la guerre des communiqués, de part et d’autre des frontières Bénin-Niger, et dans cet embrouillamini qui a causé d’importants torts à ces 500 Nigériens, il y a lieu de tirer cette affaire au clair.
Car de plus en plus, ces expulsions exhalent une forte odeur de stigmatisation, car on subodore une communauté en l’occurrence nigérienne qui a été visée. Certes, les terroristes sévissent dans ce pays, mais est-ce une raison pour s’en prendre ainsi à ses populations installées en ces lieux depuis des lustres ?
Au Mali et au Burkina, les reflux intercommunautaires où les stigmatisations ont été de l’humus où foisonnent, les bourgeons du terroriste, c’est du pain béni pour ces tueurs du Sahel, qui vraisemblablement descendent vers les côtes guinéennes. Mais attention à ne pas tomber dans leur jeu macabre. Si on parle de coopération militaire dans l’espace UEMOA et CEDEAO, elle ne doit pas être simplement que militaire. Même les populations civiles doivent se concerter, ne pas se laisser atteindre par le syndrome de la scissiparité. C’est un des remèdes contre le terrorisme qui ignore les frontières et les communautés. On parle de régler cet incident gravissime diplomatiquement mais, c’est un impératif d’éviter ces ratonnades ciblées car, elles ne font que diviser et raviver des rancœurs tenaces .
MOURIYA