La lutte contre la corruption au Niger est un levier très important sur lequel il faut agir pour favoriser un développement sain et harmonieux du pays. Raison pour laquelle le président Mohamed Bazoum en a fait son cheval de bataille. Ce travail engage plusieurs acteurs dont ceux de la justice, qui en constituent la clé de voûte de l’avis de plusieurs spécialistes. Au Niger, le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance hors classe de Niamey, Chaibou Moussa se veut rassurant quant à l’engagement de la Justice dans cette lutte à travers une interview accordée à nos confrères de la presse africaine. «La corruption, la dilapidation des fonds publics, la concussion font partie des priorités du parquet des Pôles économiques et financiers», a dit d’emblée le magistrat ayant passé ces dix dernières années au parquet. C’est dire toute son expérience sur la question quant à la poursuite. L’appareil judiciaire tient plus que d’autres à «la dynamique de faire en sorte que le caractère sacré de biens publics, la moralisation du fonctionnement des actions de la République et de l’administration de manière globale soient une réalité au Niger». Pour y parvenir, le magistrat assure que la Justice y demeurera «intransigeant et toujours ferme face à ce problème». Cette détermination à lutter contre ce phénomène tient de la conviction que «c’est le phénomène qui nous tire vers le bas». Elle «est contraire aux efforts de développement que nous déployons pour faire progresser notre société», ajoute-t-il. Et pour apporter la preuve de cette détermination, Chaibou Moussa de faire cas du «dossier concernant plusieurs hauts cadres, connus sous le nom de dossier du trésor public où il y a eu des sorties frauduleuses de sommes importantes» dont l’instruction est quasiment achevée, informe-t-il. En outre, le procureur dit suivre de près l’instruction ouverte au niveau du cabinet d’instruction du Pôle économique et financier à l’encontre d’une «haute personnalité». Ce dernier dossier ajoute-t-il a été ouvert car «Il y a des indices graves et concordants voire des faits». «Pour nous, personne n’est au-dessus de la loi. Il faut bien que l’Etat de droit avance, que la moralisation soit vue de manière concrète par la population, que tout acte contraire à la bonne gouvernance soit identifié et châtié conformément aux lois de la république», clame le procureur Chaibou Moussa, telle une sentence du tribunal. Entendre un tel niveau d’engagement peut faire craindre des risques d’abus dans la conduite des procédures. Rien de tel, explique le procureur. Les affaires sont «traitées de manière juste et équitable». Les textes régissant le fonctionnement de la Justice, les moyens de contrôle mais également les «devoirs de magistrats» sans compter la veille des avocats de la défense ainsi que la société civile constituent autant de garde-fous contre les abus que rappelle volontiers, le procureur de la République Chaibou Moussa .
Ado Dan MALAN