MOURYA
Ou bien...ou bien

Mort d’IBK:L’ex-président laisse un Mali dans la tourmente post-putsch

Quasi 18 mois après son renversement par des militaires de Kati, El Hadj Ibrahim Boubacar Keïté (IBK) s’’est éclipsé définitivement ce 15 janvier 2022, à Bamako dans son «château» du quartier de Sebenikoro à l’âge de 76 ans. En plein dans un Mali touché par une crise protéiforme. C’est un grand pachyderme politique du fleuve Djoliba qui disparaît ainsi, car au regard du pédigrée du défunt, il aura été une des gigantesques figures du landerneau du Mali, dont les origines remontent avec Alpha Omar Konaré en 1992. Eternel poulidor dans la course à la présidentielle (2 essais infructueux), il s’emparera du graal en 2013, alors que Serval, l’opération française arrêtait net des envahisseurs-tueurs à Sévaré. Premier mandat mi-figue-mi-raisin, avec une insécurité présente et un Serval très apprécié. Mais un deuxième quinquennat débuté en 2018 sous de mauvais auspices avec déjà un pays occupé au Nord et au Centre, que vient aggraver une demande sociale incompressible. Sans doute, l’homme était malade et dès sa destitution, il a séjourné en Turquie pour un check-up médical et faisait de fréquents allers-retours à Abou Dhabi pour des soins. Mais si on peut opiner sur les allégations de sa gouvernance marquée par cette montée en puissance du terrorisme, et par des affaires de corruption, de népotisme, dont la moindre n’est pas celle liée à sa famille, avec le cas de son fils Karim empêtré dans le dossier des commandes militaires, si on peut épiloguer sur ses 7 ans à la tête du Mali, toutes choses qui ont ébranlé cet homme toujours optimiste, on a plutôt un penchant que c’est ce qui se passe actuellement au Mali qui aurait pu précipiter son décès. Lui dont l’aphorisme devenu slogan de campagne électorale «Le Mali d’abord» traverse tous les discours, y compris ceux des putschistes qui l’ont renversé, a-t-il pu supporter ce que subit son pays depuis quelques temps ? Des tombeurs qui, visiblement veulent lui offrir des funérailles nationales. Sans être dans la tête du célèbre défunt, on peut supposer que le Mali qui part en vrille n’a pas été d’un grand bien pour ce francophone et francophile bon teint, patriote et panafricaniste pour reprendre les mots de l’ancien président nigérien Mahamoudou Isssoufou dont l’hommage posthume rejoint d’autres dirigeants tel Macky Sall du Sénégal. La misère des populations qui sera consécutive aux sanctions de la CEDEAO-UEMOA, les solutions de sortie de crise, bref un Mali dans la tourmente sont autant de possible cause du décès de ce septuagénaire. C’est dommage, car si effectivement, les premières années de son deuxième mandat, on a senti un président qui semblait subir les évènements, plutôt que d’imprimer sa marque, son départ forcé du pouvoir, le tâtonnement de la Transition sur la date des élections et l’attitude de la CEDEAO-UEMOA y sont pour quelque chose dans ce décès. Les hommes de parole, patriotes dans l’âme, ont souvent du mal à supporter les pathos qui frappent leur pays. Partir sans ne pas à voir un Mali failli à moins d’une solution rapide, c’est sans doute un tel sentiment qui a accompagné le dernier souffle d’IBK. C’est quoiqu’on dise, un baobab politique du Mali de ces 30 dernières années qui s’est écroulé .

Mourya, la voix du niger

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