MOURYA
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Transition guinéenne: Une feuille de route sans escales précises

Les Guinéens l’attendaient depuis un certain temps, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) aussi. La Transition a désormais une feuille de route. Elle a été déroulée le samedi 25 décembre 2021 au président du Conseil national du rassemblement pour le développement (CNRD), le colonel Mamadi Doumbouya par le premier ministre Mohamed Béavogui.

Il aura fallu plus de trois mois après le renversement du professeur Alpha Condé  pour que la junte accouche de ce document qui devrait être le bréviaire pour un retour à une vie constitutionnelle normale. Le document rendu public décline cinq axes prioritaires au nombre desquels la rectification institutionnelle, le cadre macro-économique et financier, le cadre légal ou la gouvernance.

Mais pour une feuille de route, le moins qu’on puisse dire est qu’il manque cruellement de détails, à commencer par la destination finale. Le chronogramme est en effet étrangement muet sur la date à laquelle les élections générales devront avoir lieu, et donc sur la durée de la période transitoire. Comme si l’ancien légionnaire, qui a fait irruption sur la scène politique guinéenne un matin de septembre 2021 se laissait une porte de sortie pour prolonger comme bon lui semble son passage à la tête de l’Etat. Alors, 6 mois ? Un an ? Voire plus ? Mystère et boule de gomme.

C’est d’ailleurs le même flou artistique qui entoure ce qui devrait être les principales escales de cette feuille de route, dont les échéances sont imprécises elles aussi. Ainsi, de la mise en place du Conseil national de transition, de l’organe de gestion des élections ou de la rédaction de la nouvelle Constitution.

Pour un chronogramme, il est loin d’avoir une précision d’horloger. Beaucoup de bruit donc  pour rien  et dans ces conditions il faut craindre qu’on assiste à un pilotage à vue au bon vouloir du conducteur. On peut cependant compter sur les pressions de la CEDEAO pour emmener les nouvelles autorités guinéennes à peaufiner davantage leur machin, faute de quoi l’épée des sanctions brandie par les chefs d’Etat pourrait choir à tout moment sur cette véritable armoire à glace qui trône au palais de Sékhoutouréya.

En chassant Alpha Condé qui avait préféré se faire bercer d’illusions par le chant des sirènes du troisième mandat plutôt que de méditer la voix de la raison qui lui soufflait de ne pas faire le match de trop, sans doute Doumbouya a-t-il fait œuvre de salubrité publique. Il lui faut maintenant réussir sa mission et la première des  conditions pour y parvenir, c’est qu’elle soit la  plus courte possible pour ne pas s’habituer au fauteuil le plus moelleux de la république. Les vertiges du trône sont si vite arrivés ! Les problèmes itou .

MOURYA

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