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Vie de la jeunesse au Niger: Entre envie de réussir et difficultés d’accès au financement

Avec une population estimée à 20 millions d’habitants, essentiellement des jeunes, le Niger est classé parmi les Etats les plus jeunes du monde. Seulement, cette frange de la population reste confrontée à d’énormes défis.

Le rapport du programme de coopération entre le Niger et l’UNICEF 2019-2021 estime les jeunes à 68%. Selon l’INS, plus de 51% de la population nigérienne a moins de 15 ans avec un niveau d’éducation faible. Sani Oumarou, démographe et conseiller du Directeur général de l’INS explique cette problématique: «Une population jeune, c’est un défi majeur, mais surtout un atout pour le développement économique et social d’un pays, s’il y a une prise de conscience de cet état de fait». Selon lui, elle peut plomber l’économie et donc le développement «si on ne prend pas garde en l’éduquant, en la rendant en bonne santé et surtout en créant des emplois aux jeunes».

Le poids du taux de chômage des jeunes

L’INS estime à près de 80% le taux de chômage qui affecte principalement le femmes et surtout les jeunes filles.  «Cette catégorie de la population est sous employée ou pas du tout», ajoute la même source.  «C’est malheureusement cette frange de la population qui vit  dans le chômage dont le taux est estimé à 23,7%», selon le rapport de l’UNICEF. Une situation déjà difficile pour les hommes mais qui l’ai beaucoup plus pour les femmes.

D’après une étude du bureau de la Banque mondiale au Niger de 2017, une femme sur deux, soit 47% n’exerce aucune activité rémunératrice, une femme sur six dispose d’un emploi stable et une femme sur cinq exerce une activité saisonnière. Même si la situation a beaucoup évolué ces dernières années, le chômage influence l’âge du premier mariage des femmes, dont l’âge médiane est de 15,7 ans tandis que les jeunes garçons vont en exode de manière massive.

Toutefois, cette jeunesse de la population et ce fort taux du chômage ont poussé des jeunes à se tourner vers l’entreprenariat afin de créer de l’emploi dans des domaines aussi variés que le numérique, l’exploitation de la terre et le commerce entre autres.

L’entreprenariat comme solution

C’est le cas de  Kabirou Amadou, ingénieur en conception digitale. Jeune entrepreneur de 28 ans, il exerce dans le domaine des nouvelles technologies de l’information et de la communication. « Après un cursus scolaire de 6 ans à Abidjan, J’étais rentré en 2016 dans mon pays natal qu’est le Niger, pour apporter ma modeste contribution à la construction du pays», se rappelle-t-il.

Face au problème du manque d’emploi, il a décidé de créer son entreprise. «J’ai donc décidé de fonder mon entreprise , sous forme de startup en 2017. Le but, c’est surtout d’œuvrer dans le secteur éducatif», a-t-il expliqué. «Le défi que j’ai toujours voulu relever, c’est surtout d’apporter des solutions concernant la mauvaise gestion des établissements scolaires,  la faible implication des parents d’élèves dans le suivi scolaire de leurs enfants et l’absence de statistiques fiables  dans le domaine de l’éducation», a-t-il ajouté.

Quatre ans après, les objectifs de ce jeune entrepreneur ne sont pas encore atteints « à cause de l’absence totale d’une aide financière», se désole-t-il. Selon lui, cette aide financière devrait provenir de l’Etat même si elle ne doit que compenser le 1/4 de notre  budget de fonctionnement.

Sauf qu’au Niger, explique-t-il,  «la politique de financement des petites entreprises n’a pas un impact conséquent, car l’aide financière  n’arrive pas souvent aux méritants puisque détournée ou parfois presque inexistante dans le domaine du numérique, comme le notre.»

Dans cet élan d’autonomisation des jeunes, la gent féminine n’est pas en  marge. Elle reste cependant confrontée aux mêmes difficultés. «Nous avons besoin que l’État nous facilite l’accès au financement de nos activités et aux marchés publics. Ce qui n’est pas le cas actuellement», renchérit Hadjia Mounira Salifou, exerçant dans le commerce et la vie associative.

En définitive, la jeunesse nigérienne est en réalité partagée entre incertitudes et espoir et espère une implication résolue des pouvoirs publics pour booster les jeunes entrepreneurs en vue de leur mobilisation effective pour l’émergence d’un Niger meilleur, d’un Niger qui gagne !  .

Bazo Maazou

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