MOURYA
A la Une

Visite du patron des casques bleus au Mali: Mission de déminage à Bamako

C’est une véritable opération de déminage qu’entreprend le Français Jean-Pierre Lacroix. Le secrétaire général adjoint des Nations unies chargé des opérations de maintien de la paix est en effet arrivé à Bamako, ce dimanche 24 juillet 2022 dans un contexte assez particulier pour ne pas dire difficile. Si ce déplacement était prévu de longue date, il a cependant dû être avancé en raison de la détérioration continue des relations entre le Mali et l’ONU. Car plus rien ne va entre le pays hôte et la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). Parmi les nombreuses pommes de discorde, le mandat de la MINUSMA, prolongé pour un an le 29 juin dernier par la Maison de verre de Manhattan, alors que les autorités de la Transition malienne n’en voulaient visiblement plus, elles qui ont du reste clairement indiqué qu’elles n’entendaient pas respecter certaines des dispositions, notamment celles relatives aux droits de l’homme. Et comme si cela ne suffisait pas, voilà que vient d’éclater une crise entre le Mali et la Côte d’Ivoire qui vient compliquer un peu plus la donne. Qui sont exactement les 49 militaires ivoiriens détenus depuis maintenant deux semaines sur les bords du Djoliba et aujourd’hui l’objet de tractations diplomatiques par l’entremise du président togolais Faure Gnassingbé ? Des mercenaires débarqués en pleine illégalité pour une entreprise de déstabilisation comme l’affirme Bamako ou des éléments de soutien à la MINUSMA ainsi que se défend Abidjan ? Difficile de voir clair dans cette histoire trouble, cela d’autant plus que les fonctionnaires onusiens se sont parfois contredits sur le statut réel de ces captifs qui reste à élucider. Sans doute que le séjour de cinq jours du patron des casques bleus permettra de démêler cet écheveau militaro-diplomatique. En réalité, ce qu’on pourrait appeler le dossier «Goïta et les 49 mercenaires» arrivait comme du pain bénit pour le locataire du palais de Koulouba qui trouve là une belle occasion de régler de vieux comptes avec cette force internationale de quelque 15 000 hommes (militaires et civils confondus) présente sur le territoire malien depuis 2013 mais dont les résultats dans la lutte contre le terrorisme sont jugés plus que mitigés nonobstant les 159 pertes en vies humaines qu’elle a enregistrées à ce jour. Après l’Opération Barkhane, poussée à la sortie par la junte qui a préféré nouer une liaison dangereuse avec les mercenaires russes de Wagner, les colonels qui dirigent le Mali depuis maintenant deux ans, accrocheraient volontiers les bérets bleus à leur tableau de chasse même si le morceau onusien semble plus dur à cuire que le coq gaulois. Autant dire que la visite de Jean-Pierre Lacroix s’apparente à un véritable chemin de croix dont l’issue n’est pas gagnée d’avance. Le diplomate onusien parviendra-t-il à faire entendre raison à ses interlocuteurs qui s’enferrent chaque jour un peu plus dans une propagande nationaliste de mauvais aloi comme s’ils pouvaient vivre en autarcie et régler tout seuls leur problème en tournant le dos à tous leurs partenaires, à commencer par le G-5 Sahel qu’ils ont déserté ? Il faut l’espérer pour «le grand peuple malien» qui souffre le martyre depuis une bonne décennie sans qu’aucun signe ne montre que le bout du tunnel est proche. Bien au contraire, en frappant vendredi le camp militaire de Kati à la périphérie de la capitale où les putschistes du 18 août 2020, à commencer par le premier d’entre eux, ont leur Quartier général, les terroristes montrent à quel point ils peuvent frapper où et quand ils veulent. Au fait, où étaient donc passés les amis russes des putschistes pour qu’ils en viennent à subir pareille humiliation dans le saint des saints ? .

MOURYA, LA VOIX DU NIGER

Articles similaires

Laisser un comentaire