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Lutte traditionnelle: Une identité singulière du Niger et facteur de cohésion sociale

Au Niger, la lutte traditionnelle fait partie des activités physiques et sportives entrant  dans le cadre des manifestations célébrant la fin de la saison des pluies. On peut même affirmer sans risque de se tromper que c’est le sport roi. Elle a de tout temps occupé une place de premier rang dans la vie sociale. C’est par cette appartenance au patrimoine culturel qu’elle se différencie de toutes les autres pratiques sportives qui, pour l’essentiel, viennent d’ailleurs. Cette activité physique est introduite dans les instructions officielles au cours du séminaire national tenu à Dosso du 10 au 14 août 1989.

 

La lutte (Kokowa) a vu le jour grâce à la vision de l’ancien président de la République, feu Général Seyni Kountché, attaché à l’union des cœurs et des esprits de ses contemporains. Il a instruit les acteurs sportifs et culturels d’identifier un sport autour duquel toutes les ethnies et toutes les régions se reconnaîtront, sans a priori. Dans l’esprit du défunt président, il s’agit de trouver une discipline sportive qui représenterait un Niger pluriel, mais uni par les vertus et les valeurs sportives. Autrement, un instrument de paix et de cohésion sociale.

Depuis 1975, le Sabre national a lieu chaque année au Niger. C’est un rendez-vous à la fois sportif et culturel, car ce grand événement revêt un caractère culturel, avec l’introduction de certaines compétitions à vocation culturelle comme le «kirari», le défilé d’accoutrements traditionnels de lutte, la danse traditionnelle de lutte. A la lueur des résultats obtenus depuis l’institution de la lutte traditionnelle, c’est un pari gagnant.

La lutte, une identité singulière

Pays sahélien, le Niger a l’essentiel de ses activités économiques qui repose sur l’agriculture entièrement tributaire de la pluie hivernale.  La fin de chaque saison des pluies fait l’objet de certaines manifestations d’activités physiques et sportives telles que le «sharo», la course des chameaux, les danses et la lutte traditionnelle.

Le sport est une expression et une perfection corporelle, car l’homme primitif a été amené à concevoir qu’il pouvait développer sa résistance organique en même temps que sa valeur musculaire en s’imposant à la fatigue méthodique de l’entraînement.

Chaque sport émane de sa base naturelle et reflète une culture, une identité singulière. A tous les niveaux du développement, certains milieux sociaux cultivent et pratiquent un sport qui, en évoluant, acquiert des formes toujours plus perfectionnées.

Selon Me Mari Malam Daouda, la lutte n’a ni partie ni auteur, elle est connue de tous les  peuples qu’elle a accompagné tout au long de leur périple historique à travers les époques. Dès l’antiquité, la lutte a servi l’homme pour sa survie, elle a été le compagnon immuable des divertissements virils dans les jours de fête et un puissant moyen pour promouvoir la pratique de l’éducation physique et le développement du psychisme.

De tous les sports, la lutte est incontestablement celle qui prolonge le plus profondément et universellement ses racines dans l’histoire de l’humanité. Pratiquée à mains nues, la lutte constitue un moyen de combat. Elle revêt ensuite un sens sacré dans la société primitive dont les traces n’ont pas encore totalement disparu chez certains peuples africains. Il s’agit essentiellement d’un rite lié à la tradition.

La lutte traditionnelle est un phénomène universel, selon l’expert de lutte Maître Mari Malam Daouda. La lutte est le génie des périples transmis de génération en génération. Sa fonction sociale, certainement irremplaçable, est consignée dans la variété de leurs formes jusqu’à nos jours. Elle n’est ni un phénomène de culte ni un anachronisme, elle est une antiquité vivante, un organisme vivant qui, comme par magie, résume le passé, le présent et l’avenir.

Ce qui distingue la lutte africaine de celles des autres continents, à savoir les luttes olympiques, les luttes gréco-romaines et lutte libre, c’est certainement sa grande variété découlant des conditions géographiques et sociales, de système de communication limité et des attaches solides à la tradition. Bien que certaines règles soient similaires pour différents styles de lutte, les rites, les danses et les tenues demeurent néanmoins les caractéristiques ethniques des tribus.

Cette année, c’est la région de Niamey qui accueille la 42e édition. Ce rendez-vous de brassage culturel est plus que jamais à pérenniser pour renforcer l’unité nationale et la paix au Niger si chères aux autorités politiques du Niger.

Bazo Maazou

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