MOURYA
Actualités

Mariage des enfants au Niger: L’engagement d’un chef coutumier à mettre fin au phénomène !

Le corps frêle, le visage ridé tant par l’âge que le poids de la responsabilité, Elhadji Mamane Rabo a gardé son sourire empreint d’une autorité certaine. Le sexagénaire était assis en compagnie de ses proches collaborateurs avec un message «plus jamais de mariage d’enfants à Bargaja». Sa motivation, il la tire selon ses dires de son statut de père, puis de chef du village de Bargaja. Les filles adolescentes de cette contrée située à environ sept (7) kilomètres de Madarounfa, dans la région de Maradi font face à de nombreuses privations de leurs droits, notamment celui de jouir de leur enfance, sans être forcées à subir des pratiques néfastes à leur santé comme le mariage précoce. Dans ce village, il n’était pas rare qu’une fille d’à peine douze (12) ans soit donnée en mariage. Mariama 17 ans, son fils au bras, se souvient de la façon brusque dont elle est passée d’enfant à femme de foyer. Elle était âgée de 13 ans seulement lorsqu’elle avait été donnée en mariage. Aujourd’hui, après trois (3) grossesses dont un seul enfant vivant, elle évoque ces souvenirs, le regard perdu et la voix pleine d’amertume. Son regret de ne pas avoir dit «Non» quand il le fallait. Elle se tient aux côtés de ses jeunes sœurs menacées par cette pratique. Du haut de ses douze (12) années de vie, Najaâtou, elle, a su dire «Non» au mariage. Grâce au savoir acquis à l’espace sûr (définir Espace sûr) du village, elle connaît les dangers liés au mariage à son âge. «Je me suis rendue chez la mentor pour l’informer du projet de mes parents qui sans tarder a rendu visite à ces derniers. Cette première rencontre fut infructueuse, car fâché, mon père m’a crié de le suivre si cela me tentait mais sous son toit, je dois me résoudre à sa volonté. Pire, les punitions furent multipliées par deux, voire par trois par la suite», raconte la jeune fille, tout en jouant avec un bout de son voile. Le sort de cette fillette semblait être scellé quand le chef du village avisé par la mentor se rendit chez ses parents. Après moult discussions, le résultat réjouit l’enfant. Elle n’est plus sous la menace d’une union maritale forcée à laquelle elle n’était pas sûre de comprendre grand-chose. Sauvée par l’Espace sûr et le chef du village, Najaâtou a conscience que d’autres filles au Niger n’ont pas eu sa chance. Plus de connaissances et l’engagement d’un chef coutumier peuvent changer le regard de toute une communauté et Elhadji Mamane Rabo l’a compris. Ce qui lui vaut la gratitude des femmes de ce village. «Nous remercions l’UNFPA pour tous ces efforts, mais les femmes se doivent de faire une mention spéciale à  Elhadji Mamane Rabo, chef du village de Bargaja», s’est exclamée Hadiza Younoussa, une dame de trente-huit (38) ans avant de croquer un morceau de cola. L’implication des chefs traditionnels permettra sans nul doute la réduction du taux de mariage des enfants au Niger où, selon l’EDSN-MICS 2012, 24% des filles ont été mariées avant l’âge de 15 ans. En attendant que tous s’y engagent, des milliers d’enfants continuent à être mariés et leurs espoirs se meurent avec leurs enfances volées Mourtala ISSA

Articles similaires

Laisser un comentaire