Certes on n’a pas vu des populations franchir les frontières du Kenya pour aller se réfugier dans un pays voisin, de peur qu’une éventuelle crise post-électorale réveille les vieux démons de 2007, mais il est indéniable que malgré les discours rassérénant des 2 principaux candidats Raila Odinga et William Ruto de respecter le verdict des urnes, en dépit des gages de bonne foi serinés par l’IEBC, certains signes sont autant d’alertes des fins connaisseurs du microcosme Kenya : Des violences post-électorales ne sont pas à écarter. Et si d’ailleurs le taux d’abstention a grimpé par rapport au scrutin de 2017, c’est que non seulement les kenyans sont blasés par la classe politique, marquée par une longue compétition entre grandes familles notamment entre les Uhuru et les Odinga, ce qui confine à une sorte de prise en otage du pays par des dynasties. Mais surtout les kenyans savent que le vote communautaire est une donnée intangible, et que les reflux ethniques post-électoraux sont toujours latents. Si on y ajoute la problématique sociale avec le chômage des jeunes et les pertes d’emplois, lesquels se chiffrent à 4 millions après le Covid-19 et les promesses non tenues, tout ce cocktail fait que les populations ont peur, à juste raison, car même si la probabilité est en baisse concernant l’avènement de violences suite à la publication des résultats, certains spécialistes mentionnent toujours 53% de risque, d’escalade après ladite proclamation. A Kismuyu par exemple où 4 bureaux de vote ont été annulés et la chance d’un gouverneur pro-Odinga tombée à l’eau du même coup, à Kismuyu donc, un des foyers de violence de 2007, on parle de paix, mais quelques propos bellicistes retiennent l’attention. William Ruto qui a battu sa campagne sur une table rase des caciques et bonzes qui ont dirigé le pays depuis des décennies, excluant lui-même qui en fait partie, compte aussi des va-t’en guerre. Et enfin l’ethnie majoritaire, les kikuyu, qui estiment avoir payé un lourd tribut en 2007-2008, n’entendent plus servir de bétail pour les enragés post-électoraux. Bref on l’aura compris, c’est la semaine la plus longue, et pour les kenyans et pour la commission électorale qui doit délivrer les résultats au plus tard le 16 août prochain ! Acceptables, transparents et honnêtes ! Un dépouillement sous haute surveillance, 150 000 policiers ont été mobilisés pour la circonstance et chacun espère que l’IEBC dira les résultats des urnes, et que si contestations il y a, ce sera devant les tribunaux, et que même si fraudes, il y a eu, elles ne sont pas à même d’entacher l’intégrité du vote. C’est dire que ce dépouillement au Kenya se conjugue avec appréhension et un zeste de peur !
Mourya, la voix du Niger