Le Bianou est une fête à caractère culturel et religieux. Selon les traditions orales, cette fête est organisée pour commémorer le jour de la naissance du Prophète de l’Islam (Mohamed S.A.W). Le Bianou commence le 1er du mois de Muharram (calendrier musulman) correspondant cette année au mois d’août. Cette fête n’existe nulle part ailleurs au Niger qu’à Agadez. Comme c’est le cas chaque année depuis la nuit des temps pendant Muharram, les réjouissances populaires commencent dès les jours qui suivent la fête de l’Aïd El Kebir ou Tabaski. Mais c’est vers les 9e et 10e jours de Muharram que le Bianou connait son point d’orgue. La place de choix qu’occupe le Bianou à Agadez en fait une référence dans l’agenda de la population qui appelle Muharram (Watan-Bianou) ou mois de Bianou. L’origine de cette fête remonterait à l’accueil réservé au Prophète Mohamed (S.A.W) et à ses compagnons par les habitants de Médine lors de l’Hégire ou à la commémoration des victoires lors des guerres saintes. Une Fatiha ou prière pour implorer la protection et la bénédiction d’Allah, trois 3 coups de tambour donnés par des dépositaires de la tradition, le Tambari, l’Agholla (leader des jeunes et encadreurs du Bianou) et le Djirma, constituent le cérémonial marquant le lancement des activités de cette fête très célèbre dans l’Aïr, qui dure plusieurs jours. Pendant la période du Bianou Agadez, surtout sa partie appelée vieille ville, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, s’anime particulièrement. Les jeunes scindés en deux groupes des quartiers Est et Ouest de la ville, portent l’animation dans les rues, rivalisant dans l’art de jouer l’Akazam, une musique du terroir ou Tambourin, et des danses, des chants, célébrant ainsi cette fête d’Abzin. Le Bianou est une fête riche en couleurs qui prend son ampleur pendant deux ou trois jours. L’ambiance carnavalesque monte alors crescendo, s’empare de la ville. La procession Bianou rend d’abord visite aux autorités, dont le gouverneur, le Sultan et l’Alkali, les autorités traditionnelles et religieuses. Le spectacle et le décor sont magnifiques. Hommes, femmes, de presque tous les âges paradent dans les grandes artères d’Agadez. Les hommes sont vêtus de boubous colorés avec dessus de larges ceintures décorées. Ils arborent aussi des turbans artistiquement posés et surmontés souvent d’une bande d’étoffe indigo en forme de crête de coq et portent des sabres ou lances. On rivalise à jouer les meilleurs sons, et pour les Yan Zarya du Nigéria (ces grands danseurs) esquissent des pas de danse rythmés par les sons des Akazam ou tambourins et des grands tambours. Les filles suivent la procession des danseurs. Elles sont maquillées avec art, parées de bijoux de valeurs et portent de pagnes traditionnels et foulards qui se démarquent par leurs teints, couleurs…Selon Amina Kabou, «des jeunes filles ne se gênent plus de fêter le Bianou avec des pagnes ordinaires, des tresses occidentales, du côté des garçons, tu les vois fêter sans leurs turbans et sans leurs crêtes de coq, plusieurs participent à la fête de Bianou sans leurs lances ou sabres et d’autres n’en ont même pas ! Alors que nos ancêtres avaient fait de leur mieux pour que cette fête reste dans nos cultures Agadeziennes. Il faut que le Sultan crée des gens pour apprendre aux jeunes comment s’habiller pour la fête du Bianou. Les mesures à prendre…parce que cette fête de Bianou et non seulement culturelle mais aussi religieuse». Une autre étape importante du Bianou est le déplacement, le 19e jour des festivités des danseurs sur le site d’Alarcès à la sortie de la ville où ils festoient toute une nuit. Ils regagnent la ville le lendemain dans la matinée en dansant, en chantant, en agitant des branches de palme et sont accueillis dans la joie par la population. Tels sont entre autres les moments forts du Salla Bianou, une fête qui se vit, comme le font les habitants d’Agadez (Agadeziens) depuis des générations, en perpétuant ainsi une tradition qui constitue aujourd’hui un patrimoine culturel mondial. A l’année prochain, AMEN !
Omar Moussa ODJI