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Société

Tillabéry: A la découverte d’une ville à l’histoire intéressante

Les premières implantations stabilisées des environs de Tillabéri par des groupes Songhay et Kel Tamasheq furent Tillakayna et Daïkayna. Tillabéri émergea entre ces deux sites qui le précédèrent. Son nom proviendrait de l’expression «tillambeeri» qui signifie littéralement «les grands plants repiqués». Selon la tradition orale recueillie auprès de sources concordantes, ce nom aurait été donné au site actuellement occupé par la ville de Tillabéri (précisément à l’emplacement de l’actuel lycée, site de l’ex-école normale) par le chef de terre de Sakoira pour indiquer un lieu d’implantation à Sohanca, un nouvel arrivant en provenance des îles du fleuve, repoussé par les habitants de Diamballa : «Allez-vous installer là où les plants de sorgho repiqués sont grands !» lui aurait dit le chef de terre. Avant l’érection du village en chef-lieu administratif, Tillabéri n’était qu’un petit village en bordure du fleuve. L’organisation socio-spatiale était basée sur des quartiers dont les principaux étaient Gandace, Bellaywindi, Sudjewindi, Tula, Labteywindi. Gandace est aujourd’hui considéré comme le quartier des premiers arrivants, les autochtones de la ville actuelle. Les nouveaux arrivants s’intégraient à la ville en fonction de leur origine ethnique : les Wogo s’installaient préférentiellement à Labteywindi et Tula (Toula), les Kel Tamasheq à Bellaywindi, les Sudje à Sudjewindi. Avec l’extension de la ville vers le kori, furent créés les quartiers Wari et Zongo. Le quartier de Kwarateeji fut fondé en 1943 par l’administration coloniale. Celle-ci, à la mort du chef de canton de Sakoira, désireuse de rapprocher du centre le jeune chef de canton entrant, de l’époque, afin de le protéger, installa ce dernier dans un nouveau quartier (d’où le nom Kwarateeji (Tillakayna KoiraTegui) qui signifie «nouveau village») constitué autour d’un puits. En 1965 fut conçu le premier projet de lotissement à Tillabéri. En 1968, l’administration jugea utile de procéder à sa mise en œuvre en «restructurant» la ville aux ruelles serrées qui constituaient un véritable labyrinthe entre les concessions (windi) : de vastes rues alignées et des réserves foncières furent créées et les habitants délogés se virent attribuer gratuitement de nouvelles parcelles. La ville restructurée comptait alors 3 quartiers officiels : Gandatché, Zongo, Bagdad. En 1977, le quartier Kabia fut créé, mais il n’eut un chef de quartier qu’en 1982. Les migrations plus tardives de populations en provenance de l’Est (Zarmaganda) furent également absorbées et occupèrent les nouveaux quartiers situés à l’Est et au Nord de la ville. Avec l’érection de Tillabéri en commune urbaine en 1988, trois villages (KoiraTegui, Madina, Toula) sont devenus officiellement des nouveaux quartiers de la ville, qui en compte aujourd’hui sept. Si les quartiers de la ville sont aujourd’hui très composites du point de vue ethnique, il n’en est pas de même pour les villages insulaires et périphériques qui sont quasi-mono ethniques. Les îles du fleuve sont peuplées de Wogo, à l’exception de Foulé dont la population est kurtey. Les KelTamachek sont concentrés dans les villages de Daïbéri (Idrifan), Daykaina (Ikassamadan ou Irawelan), Mari (Idrifan) et leurs hameaux. Les Sudje (originaires de la zone de Filingué, de langue hausa) peuplent les villages de Tillakaynakoirazeno et Meberi. L’ensemble de ces populations se définissent aujourd’hui comme des autochtones, se différenciant par là des allochtones désignés par le terme «ce kanda» (littéralement «ceux qui sont venus à pied»), populations originaires du Zarmaganda, venues plus tardivement (à l’occasion des famines) à Tillabéri et installés dans les quartiers et villages plus récents (Kabia, Tillakayna, KoiraTegui). Source Lasdel, 2003 .

Abdoul Wahid MOUSSA

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