MOURYA
Ou bien...ou bien

Marches interdites au Burkina et au Niger:Attention à la chienlit !

C’est devenu l’arme anti-pouvoir dans la sous-région : le battage du macadam, avec une foultitude de pancartes aux messages plus hétéroclites les uns que les autres. Le terrorisme, l’insécurité, les affaires en berne, la mal-gouvernance, la paupérisation sont autant de griefs et de raisons pour des populations désespérées (les plus sincères) ou en mal de poste, si ce n’est tenaillés par la soif du pouvoir de soulever des foules pour noircir les rues et demander le départ des autorités. Des coteries de la société civile et de formations politiques se donnent désormais la main en ces circonstances pour dénoncer l’incurie du pouvoir, et inviter à ce qu’il «dégage» pour que des gens plus compétents les remplacent. Lesquels ? Dans le feu de l’action, nul ne songe à ça, sauf quelques voix dans ce tour de Babel, qui échafaudent des plans (transition, coup d’Etat) comme solution aux maux qu’ils dénoncent, et pour suppléer au vide que laissera le pouvoir «dégagé» par la «ruecratie». Depuis plusieurs mois, ce phénomène se multiplie au Niger et au Burkina Faso. Il y eut d’abord le dimanche 12 décembre la bravade de Tournons la Page (TLP) au Niger qui a voulu passer outre l’oukase judiciaire qui interdisait une marche, mouvement qui se termina par des courses-poursuites et une dispersion des manifestants. Motifs invoqués : libération de prisonniers, humeur contre la présence de troupes étrangères à Dosso, exigence d’audit de la gouvernance de l’ex-président Mahamadou Issoufou… Tentative de rebelote de manifester encore ce 23 janvier à Niamey, interdit par le maire de la capitale. A 500 km, à vol d’oiseau à Ouaga plus précisément ce 22 novembre dernier, après l’abjection d’Inata survenue le 14 novembre (53 gendarmes tués par des terroristes), la rue s’enflamma agglomérant un mécontentement latent et des exigences de départ du chef de l’Etat, Roch Kaboré accusé de ne pas pouvoir enrayer l’insécurité, laquelle insécurité, il est vrai a gagné du terrain, en dépit de la vaillance des FDS. Burkina-Niger, 2 pays pris par une sorte de spirale de manif. avec un pic au pays des hommes intègres, et pour des raisons différentes, excepté le dénominateur commun qui est le terrorisme. Ces prurits de la rue ont pris une coloration politique, surtout au Burkina, mais a-t-on pensé au quotidien des citoyens dont bon nombre ne veulent que seulement avoir leur pitance, se soigner et envoyer leurs enfants à l’école ? Bien sûr, la fermeture des classes, et l’occupation des régions a détérioré ce quotidien, mais est-on véritablement sûr qu’un départ du locataire de Kosyam est la Solution ? Pas certain, mais en politique tout est pain béni. Au Niger, c’est une prolongation déguisée de la présidentielle, vu que d’aucuns, en désespoir de cause estiment toujours que Bazoum n’a pas gagné ce scrutin même à un mois de ses noces de coton ! Cette surchauffe populaire de Ouaga à Niamey en passant par Dakar, est certes une marque de vivacité de la démocratie. Mais gare aux agendas cachés, aux pécheurs en eaux troubles qui profitent toujours de situations délétères… Surtout attention à la chienlit ! Et si après ces colères, et ces mouvements, on discutait, on négociait, on privilégiait les échanges pour essayer de trouver les sorties de crise ? En tout cas au Niger, c’est une leçon de chose politique que les citoyens ont donné au monde : la dévolution du pouvoir d’un civil à un autre civil. Ce n’est pas rien ! Il faut faire attention à ne pas vendanger ce précieux legs au Niger. Au Burkina, soyons raisonnables le scénario de fin octobre 2014 n’est pas duplicable à l’envi. Même si toutes les planètes semblent alignées. Et encore qu’a-t-on récolté après le thermidor du 31 octobre 2014 ? Tout comme le cas malien n’a pas à être copié benoitement et aveuglement ! Chaque pays a ses réalités, la démocratie même imparfaite est mieux que le cycle coup d’Etat-Transition-élections. Et il faudra y penser .

Mourya, la voix du Niger

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