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Ou bien...ou bien

Mort de IBK au Mali:Consensus autour d’un linceul?

Et si Ibrahim Boubacar Keïta parvenait à faire descendre, ne serait-ce que de quelques microns, le mercure qui ne cesse de monter sur les bords du fleuve Djoliba? L’espoir peut ne pas être vain, si l’on sait la vénération vouée aux morts en Afrique et aussi le statut d’homme de consensus qu’a toujours cherché à se tailler l’ancien président du Mali, qui n’a pas hésité à faire revenir à la maison, en son temps, feu Amadou Toumani Touré, de son exil sénégalais. Il faut rappeler que le prédécesseur de IBK avait dû fuir son pays, pris en chasse par le capitaine putschiste Amadou Haya Sanogo qui venait de le renverser, dans la nuit du 21 au 22 mars 2012, à deux mois de la fin de son second mandat présidentiel. Le général ATT était également poursuivi par la justice malienne instrumentalisée à l’époque par les politiques, accusé de «haute trahison». Du reste, la junte militaire qui a la réalité du pouvoir au Mali, en faisant tomber la fièvre socio-politico-diplomatique, pour permettre un deuil décent pour la famille et les amis de l’illustre disparu, l’homme du « Mali d’abord » qu’ils soient à l’intérieur ou dans les pays voisins, iraient jusqu’au bout de la logique. Le colonel Assimi Goïta, le tombeur de IBK avait officiellement dit son «regret» à la mort de son ex-otage et devrait bientôt annoncer des obsèques nationales pour honorer sa mémoire. Cette rédemption posthume, les militaires la doivent bien à IBK, dont ils peuvent bien avoir sur la conscience le suicide. Oui, les proches de l’ancien président ont révélé que celui-ci s’est laissé mourir. Sans doute, était-il rongé par le chagrin de sa chute et son refus d’accepter de vivre face au gouffre qui ne cessait d’engloutir, chaque jour un peu plus, le grand Mali, le «Maliba» dont il rêvait. Le bras-de-fer engagé par les hommes forts de Bamako contre la Communauté des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) qui a conduit l’organisation sous-régionale à sortir de ses gongs, n’est pas non plus étranger à cette mort de IBK. L’homme voyait à l’horizon, mais impuissant, le désastre non seulement pour son pays, mais pour toute l’Afrique de l’ouest. Sans oublier que son fils Karim est toujours en fuite alors que certains de ses proches restent dans le collimateur du gouvernement revanchard et populiste de la transition. S’il est souhaitable que la CEDEAO oeuvre à desserrer l’étau autour du Mali en allégeant certaines sanctions qui risquent d’asphyxier un peuple déjà sur le grill des attaques armées, des violences communautaires et du Covid-19, il n’est pas moins de condamner une fois de plus avec la plus grande fermeté, l’irruption des militaires sur la scène politique. Surtout quand la soldatesque, use et abuse de subterfuges et de manipulation des populations comme au Mali, et de répression sanglante comme au Soudan, pour confisquer un pouvoir arraché par les armes. Lâcher du lest de part et d’autre de la ligne de front, n’en déplaise aux va-t-en-guerre qui ont assailli les réseaux sociaux, serait le meilleur hommage rendu à un mort qui a toujours fait preuve d’un humanisme exemplaire et de patriotisme, malgré l’incurie et des dérives qui ont été reprochées à son pouvoir et qui lui ont valu cette fronde populaire et humiliante. Ainsi, ce serait accomplir la dernière volonté non exprimée de IBK de voir le Mali de paix, qu’il a essayé de construire, se dépêtrer de cette gadoue. En tout cas, le cadavre de IBK peut rabibocher des positions qui ne semblent inconciliables que parce que des individus, de part et d’autre, le veulent ainsi pour assouvir des intérêts égoïstes et très personnelles. C’est le plus grand mal qu’on peut souhaiter au Mali et pour le repos éternel de IBK ! .

MOURYA LA VOIX DU NIGER

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