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Société

7e anniversaire du parti AMEN-AMIN: Décryptage d’une déclaration cousue de contradictions !

Très difficile à décrypter, le contenu de la déclaration de l’Alliance des Mouvements pour l’Emergence du Niger (AMEN-AMIN) à l’occasion de la célébration du 7e anniversaire de sa création, le samedi dernier (30 juillet 2022), à Niamey (à son siège national sis au quartier Terminus). Dans celle-ci, le parti de l’opposant, le plus actif du moment, pour ainsi qualifier Omar Hamidou Tchiana dit Ladan est allé dans une dialectique d’un genre tout à fait nouveau.

Quand le serpent se mord la queue

D’entrée de jeu, ce fut une pensée à l’endroit des absents à cette commémoration, notamment les militants ayant fait le choix de quitter la barque AMEN-AMIN «pour des raisons qui leur sont propres, souvent pour répondre aux sirènes corruptives». Stop au bout de cet extrait du discours «souvent pour répondre aux sirènes corruptives» pour faire remarquer que ce fut le reproche des partisans de Hama Amadou à l’encontre de LadanTchiana, quand en 2014, il avait opté pour la Renaissance, au détriment de son parti le Mouvement Démocratique Nigérien pour une Fédération Africaine (MODEN/AFRICA). Autrement dit, avec le recul, AMEN-AMIN donne raison aux pourfendeurs de son leader.

Plus royaliste que le roi

Le challenger de Mohamed Bazoum au second tour de la présidentielle du 21 février 2022 s’appelle Mahamane Ousmane, contestataire des résultats. Aujourd’hui, il a laissé tomber ce contentieux, après avoir épuisé toutes ses voies de recours légaux. Que vient alors chercher Ladan dans ce qui relève désormais du passé ? Plus royaliste que le roi, dira-t-on, quand dans sa déclaration AMEN-AMIN utilise l’expression «usurpation du pouvoir de la dernière élection présidentielle». Avec ses deux députés sur un effectif de 165 élus à l’Assemblée nationale, le parti de LadanTchiana, au bas du tableau des résultats du 1er tour de l’élection présidentielle tenu le 27 décembre 2020, est mal placé pour une quelconque réclamation de la victoire à la finale de l’élection présidentielle jouée le 21 février 2022.

AMEN-AMIN sur une autre planète

Piochant dans la stratégie de l’ancien mentor (Hama Amadou) de son leader (LadanTchiana), AMEN-AMIN est allé à la victimisation évoquant «(…) le harcèlement (et) les intimidations» dont sont victimes ses militants. Renseignements pris auprès des services compétents, dans aucun coin du territoire national, il n’y a une plainte enregistrée, par ne serait-ce au nom d’un sympathisant d’AMEN AMIN, pour son opinion. Du moins pour l’instant ! La déclaration fait aussi cas de «situation socio-économique désastreuse du Niger», de «famine», quand les institutions les plus indiquées en matière d’appréciation et d’analyse des performances socio-économiques notent positifs les indicateurs du pays et très positives les perspectives à venir. Décidément, LadanTchiana et ses partisans sont dans un autre Niger sur une autre planète.

Des contradictions flagrantes sur d’autres points !

Quoi d’autres, apprend-on, de cette déclaration d’AMEN-AMIN ? Les Nigériens ont «soif». Affirmation sans la moindre source, en contradiction avec la suite des propos, le parti de Ladan Tchiana faisant cas d’inondations (qui signifie surabondance d’eau) et ses conséquences dramatiques (ce qui est vrai). Pour ce qui est des appuis aux victimes des inondations qui seraient ciblés, en fonction de la couleur politique, accordons le bénéfice du doute au parti de Ladan Tchiana, en ce que des brebis galeuses ne manquent pas parmi les responsables de la distribution des aides. «L’école est à genoux», affirme AMEN-AMIN, qui reconnait par ailleurs que «plusieurs élèves se sont distingués aux différents examens de fin d’année», ce qui révélateur de l’amélioration des performances de cette même école et donc des efforts des autorités en vue de redresser le système éducatif. Sur la situation sécuritaire AMEN-AMIN n’a pas failli à sa dialectique des contraires. «En effet, pas une semaine ne s’écoule sans son lot de dizaines de morts, de rançonnés et de milliers de déplacés dans la quasi-totalité des régions du pays», lit-on, dans la déclaration alors même qu’elle gagnerait à faire ressortir l’exception de cette semaine qui aura été des plus calmes sur le front de la lutte antiterroriste. De même que viennent chercher les salutations et félicitations d’AMEN-AMIN à l’endroit des forces de défense et de sécurité quand la première assertion relève leur incapacité à faire face à leur rôle régalien de défense du territoire et de protection des personnes et de leurs biens ? Ce ne sont pas là que les seules contradictions de cette déclaration à dialectique alambiquée. Mais arrêtons-nous là pour ne pas tomber dans du «AMEN-AMIN» .

Oumarou KANE

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