MOURYA
La vérité de...

Les causes du mal Saharien : Plus de 50 milliards de m3 d’eau intérieure, des mines, du pétrole et autres richesses sur 800. 000 km2 !

Pour comprendre les conflits d’aujourd’hui, il faut replonger le regard dans le passé. La plupart d’évènements peuvent se lire ou trouver d’explications lucides aussi bien dans la gestion des produits miniers et pétroliers que dans la qualité de la gouvernance sociopolitique et économique. Sahara convoité : de l’OCRS à aujourd’hui Dans les cercles impérialistes français (intellectuels, politiques, économiques), naissent au début des années 50, à propos du grand désert du Sahara qui fascine, des idées expansionnistes. Désormais, le Sahara n’est plus seulement cette étendue d’ergs et de regs, inhospitalière, impropre à la vie. Quelques personnes averties par les recherches menées des décennies plus tôt, avaient compris tout le parti que la France pourrait tirer de l’accaparement du Sahara et de ses richesses. On commença donc à parler de nationaliser le Sahara, de le constituer en territoire ou département français. Les milieux politiques et économiques s’activent, s’associent pour réaliser ce que le chef du gouvernement français, Maurice Bourges-Maunoury nommait le « miracle saharien ». La France en mettant la main sur les ressources sahariennes, espérait se hisser au moins au niveau des grandes puissances du moment : USA et URSS. La mise en valeur du Sahara visait donc à assurer les intérêts politiques, stratégiques, économiques, commerciaux et industriels de la France coloniale. Le Sahara est en effet, un immense dépôt de ressources naturelles, à commencer par les énergies solaire et éolienne. Parmi les minerais connus figurent : le charbon, le fer, le gypse, la mirabilite, la glauberite, les phosphates, l’uranium, le platine, le cuivre, le nickel, le zinc, l’étain, le plomb, le lithium, le diamant, l’or, le manganèse. D’énormes quantités de pétrole et de gaz sont enfouies sous les sables. Et, contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’eau constitue une des ressources les plus importantes du Sahara. Sous le Sahara dorment d’immenses réserves d’eau : la mer intérieure, dite mer de Savornin (800. 000 km2 et 50 milliards de m3), le bassin de Kattara (3 milliards de m3). On estime que la plus grande nappe va de la Mauritanie à la Somalie, en passant par le Mali, le Niger, l’Algérie, la Libye, le Tchad, le Soudan et l’Éthiopie. Dans l’optique de l’accaparement indiqué plus haut, l’Assemblée nationale française vote le 29 décembre 1956, la loi portant création de l’organisme chargé de la mise en valeur du Sahara. Le 10 janvier 1957, la loi créant l’Organisation commune des Régions Sahariennes (OCRS) est promulguée. Le 12 juin 1957, un Ministère du Sahara est créé. A l’OCRS étaient assignés les objectifs suivants :

1. Promouvoir toute mesure propre à améliorer le niveau de vie des populations et assurer leur promotion sociale dans le cadre d’une évolution qui devra tenir compte de leurs traditions ;

2. Préparer et coordonner les études et les inventaires, établir et mettre en œuvre un plan d’infrastructures ; 3. Susciter l’installation d’industries extractives et de transformation, créer des ensembles industriels. Le territoire de l’OCRS devait comprendre des parties de l’Algérie, du Tchad, du Mali, et du Niger.

Pour constituer l’OCRS, il fallait donc amputer les pays cités de certaines parties de leurs territoires. Soucieux de l’intégrité de leurs territoires, tous les pays concernés s’opposèrent au projet. Au Niger, le Sawaba au pouvoir dès 1957 déclare que : « Le Niger ne saurait souscrire jamais à une décision qui aurait pour conséquence un découpage politique ou administratif au détriment de notre pays ». Au congrès du RDA (septembre 1957), les délégations du Niger, du Soudan (Mali) et du Tchad votent une motion de protestation par laquelle elles rejettent « toutes tentatives de territorialisation de l’ensemble des zones soumises au régime particulier de l’OCRS » et « toutes mesures tendant à opérer une ségrégation entre populations nomades et populations sédentaires ». Au Mali, la question de l’OCRS se posera de manière plus virulente. En 1957, au moment où se dessinait l’indépendance des pays africains, un ancien chef de la tribu des Kel Antessar fit parvenir une lettre à tous les chefs de tribus, par laquelle il demandait de refuser toute fusion avec des Noirs, au sein d’un même État. En 1958, le gouverneur général des colonies Pierre Messmer (plus tard, premier ministre de Georges Pompidou) visite le Soudan (Mali). Au cours de cette visite, le chef touareg des Kel Antessar revendique – avec, semble-t-il la bienveillance du Gouverneur général l’indépendance de la zone saharienne afin d’y créer une République. Les intentions sécessionnistes vont conduire à un conflit opposant le gouvernement de Modibo Keita aux Touaregs de l’Adrar des Iforhas ; conflit qui débutera en 1962, et qui se terminera en 1964, avec l’intervention de l’Algérie BET du Maroc aux côtés du gouvernement malien. Avec l’éclatement du conflit malien, le refus de la plupart des chefs touaregs de suivre le mouvement sécessionniste, l’opposition des pays concernés par le projet de mise en valeur du Sahara, l’OCRS et la volonté française de contrôler directement les ressources du Sahara échoue. L’OCRS est en effet liquidée par décret, le 26 Mai 1963. Ce que les pays africains redoutaient par-dessus tout, c’était la création au milieu de l’Afrique, d’un État ethnique. Selon un rapport de la chaire Raoul-Dandurand de l’Université du Québec à Montréal : « l’astuce consistait donc à faire miroiter aux yeux vers les ethnies blanches la promesse de ne pas subir le commandement des ethnies noires ». La France en créant l’OCRS avait envie non pas la préservation des traditions touaregs, mais l’annexion des ressources immense du Sahara. Si l’OCRS n’est plus, les richesses du Sahara dorment encore sous les terres des pays qui se partagent le grand désert. Les convoitises de la France ne se sont pas éteintes, et à ces convoitises d’autres convoitises occidentales et orientales se sont ajoutées. Aujourd’hui, le Sahara est occupé par des forces étrangères. Des puissances occidentales ou non, y interviennent. Des mouvements islamistes y prospèrent grâce à des trafics multiples. Des velléités sécessionnistes sont présentes, d’autres pourraient, si on ne prend garde, voir le jour. Ailleurs, au Proche-Orient, en Syrie, on a vu des conflits éclater, on a vu des forces étrangères intervenir. On a aussi vu des mouvements islamistes en grand nombre, des terroristes former légions, des trafiquants et des rebelles œuvrant ensemble, et des intentions sécessionnistes grandir. Mais ce que l’on ne dit pas assez, c’est que cet amalgame se fait autour des ressources que sont le gaz et le pétrole. Or, le Sahara, plus que la Syrie, est riche en gaz et en pétrole, notamment. Kidal et l’Azawad sont au Sahara, dans les frontières de la défunte OCRS .

FARMO M.

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