Le vendredi 15 juillet 2022, les ministres français et nigériens des affaires étrangères (Hassoumi Massoudou et Cathérine Colona) et des armées (Alkassoum Indatou et Sébastien Lecornu) ont animé une conférence de presse conjointe, au palais de la présidence de la République. Celle-ci, qui fait suite à la présence des deux ministres français au Niger a abordé les questions de développement et de sécurité, notamment la réarticulation de Barkhane au Niger.
Dans leurs propos liminaires, les 4 ministres ont loué la coopération entre leurs deux pays, aussi bien en matière de développement que de sécurité, les deux sujets étant intimement liés. Sur la question sécuritaire, précisément la lutte contre le terrorisme, ils ont salué la mémoire des victimes françaises et nigériennes. Sur la guerre en Ukraine, autre sujet abordé, Niamey et Paris gardent la même position, condamnant l’agression russe contraire, selon eux, à la charte des Nations unies.
La France, premier partenaire bilatéral du Niger, triple son appui budgétaire habituel et multiplie par 10 ses interventions à travers l’Agence française de développement (AFD)
l ressort également de cette conférence de presse, chiffres à l’appui, que la France est le premier partenaire bilatéral du Niger. Ses interventions sont visibles dans beaucoup de domaines (éducation, sécurité alimentaire, agriculture, énergie, humanitaire et bien sûr militaire). Cette coopération bilatérale est notamment manifeste à travers l’appui budgétaire conséquent que la France octroie chaque année au Niger et plusieurs projets exécutés par l’Agence Française de Développement (AFD) au Niger. Toute chose saluée par le ministre d’Etat, ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération, Hassoumi Massoudou. Avec le contexte particulier notamment l’insécurité, qui sévit dans toute la région du Sahel et les conséquences de la guerre en Ukraine qui n’épargnent aucune partie du monde (renchérissement des produits de première nécessité par exemple), la France, a annoncé Catherine Colonna, a décidé de tripler son appui budgétaire habituel au Niger et de multiplier par 10 ses interventions à travers l’AFD. Il s’agit, ici de renforcer davantage la résilience des communautés, le lien étant établi entre la vulnérabilité et le développement de l’insécurité. Aider le Niger à se développer afin de lui permettre de lutter efficacement contre le terrorisme, c’est dans cette dynamique de coopération que s’inscrit la coopération Franco-Nigérienne.
Adapter le dispositif Barkhane au contexte sécuritaire nouveau pour mieux répondre aux attentes du Niger et des autres pays intéressés
Intervenant le premier sur le dossier sécuritaire, le ministre de la Défense Nationale du Niger Alkassoum Indatou a fait la genèse de l’intervention militaire française au Sahel dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Trouvant son fondement au Mali, cette intervention demandée et voulue par les autorités maliennes, avec pour base logistique aérienne Niamey, avait permis, en 2012, de libérer les villes de Gao et de Tombouctou tombées sous le joug terroriste, pour contrer la menace pesante sur Bamako et contenir la menace dite djihadiste au Nord du pays. Aujourd’hui, avec l’extension du terrorisme dans le Sahel, au-delà dans les pays du Golfe de Guinée et la brouille entre Paris et Bamako qui a opté pour un autre partenaire dans la lutte contre le terrorisme, il y a lieu repenser le dispositif Barkhane, à même de lui permettre de continuer à jouer son rôle, avec plus d’efficacité. C’est ce qu’a indiqué le ministre français des armées Sébastien Lecornu, entre autres, objet de leur visite à Niamey, pour caler les fréquences entre la France et le Niger qui sera désormais au cœur du dispositif militaire français au Sahel. On note, à l’issue de cette conférence de presse, que tout est désormais réglé, au niveau politique ; autrement dit Niamey et Paris ont la même compréhension des choses relativement à la réarticulation de Barkhane. Il ne reste plus que quelques détails à régler au niveau opérationnel (entre les responsables militaires français nigériens et français), le temps pour le dispositif militaire français de terminer son redéploiement sur la base aérienne 101 de Niamey et commencer véritablement son travail aux côtés du Niger et des autres pays demandeurs. C’est donc sur une note de satisfaction réciproque que les deux parties ont pris congé de la conférence de presse qu’elles ont co-animée, n’occultant aucune question posée par les journalistes présents.
Oumarou KANE