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Lutte contre le terrorisme au Niger: Lecornu veut prendre le taureau par… les cornes

S’il n’y avait qu’une seule destination hors Europe pour leur première sortie, ça ne pouvait être que celle-là. Catherine Colonna, la ministre française des Affaires étrangères et son collègue des Armées, Sébastien Lecornu ont en effet séjourné la semaine dernière au Niger. Le Niger, nouvel pierre angulaire de Barkhane dans la lutte contre le terrorisme au Sahel depuis que le coq gaulois a été chassé de sa basse-cour malienne par les autorités de la Transition qui flirtent désormais avec l’ours russe et ses mercenaires de Wagner. Colonna et Lecornu ne pouvaient d’ailleurs mieux tombé. Ils ont en effet débarqué alors que l’opération dite de «réarticulation» du dispositif tourne à plein régime avec les centaines de conteneurs qui continuent d’arriver à Niamey ; et que se confirmait la menace de l’extension du péril vers le Golfe de Guinée. Pas plus tard que la nuit de jeudi 14 au vendredi 15 juillet courant, le nord du Togo, en proie à des incursions depuis novembre 2021 a été la cible d’attaques pour la quatrième fois, ce qui fait craindre une sanctuarisation de l’hydre dans cette partie du pays adossée au Burkina. Pouvaient-ils de ce fait rêver mieux (ou pire, c’est selon), les nouveaux membres du gouvernement Elisabeth Borne, pour prendre le pouls de la situation chaque jour un peu plus préoccupante. C’est dans ce contexte que les deux illustres visiteurs ont passé 72 heures au pays d’Amani Diori où ils ont été notamment reçus par le président Mohamed Bazoum, présenté comme le nouveau bras droit d’Emmanuel Macron au Sahélistan. Un séjour placé sous le signe du diptyque sécurité-développement, l’un n’allant pas sans l’autre. Développement d’abord avec les 20 millions d’euros d’aide budgétaire promis, les 8 millions d’euros d’aide alimentaire annoncés ainsi que la signature d’une convention de financement pour l’électrification sans oublier la visite d’un centre de prise en charge de la malnutrition infantile; sécurité ensuite avec la visite, dernière étape du programme, de la base nigérienne de Ouallam vers Tillabéri, QG des opérations conjointes franco-nigériennes dans cette fameuse zone des trois frontières où les hordes sanguinaires qui écument le Mali , le Burkina et le Niger sont en territoire conquis. On le voit, l’Hexagone compte plus que jamais actionner les deux leviers de la paix au moment où son image est particulièrement écornée dans la sous-région, accusée qu’elle est de jouer un jeu trouble et de ne pas se donner tous les moyens pour éradiquer le fléau. Qu’à cela ne tienne, le moins qu’on puisse dire est que le Niger file le parfait amour avec la France sur qui elle compte pour accélérer la montée en puissance de ses soldats selon le propre aveu du ministre de la Défense Alkassoum Indatou car si des efforts colossaux ont été faits, que ce soit en termes d’effectifs ou de logistiques, c’est encore loin du compte pour permettre au pays de se passer de cette aide aussi précieuse certes mais ô combien aussi aliénant . Diagnostic de Lecornu qui semble vouloir prendre le taureau djihadiste par… les cornes : «Les circonstances sécuritaires changent ; elles changent déjà parce que les menaces évoluent, elles ne sont pas les mêmes en fonction des frontières. L’apparition de milices paramilitaires dans la zone ou dans les pays voisins fait aussi changer la nature de ce risque. Donc nous devons réfléchir à un agenda rénové de sécurité entre nos différents pays». Maintenant que l’évaluation est faite, il ne reste plus maintenant au soldat Lecornu qu’à monter au front pour soulager les populations meurtries et convaincre définitivement les sceptiques de l’utilité de Barkhane et de la sincérité de la France parfois sujettes à caution.

MOURYA, la voix du niger

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