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Présence française en Afrique: Le Niger inspire un changement de cap à Barkhane

La présence française au Sahel ne sera plus comme avant. C’est la lecture qu’on peut faire de la nouvelle dynamique annoncée depuis le Niger, par les ministres français Catherine Colonna (en charge des Affaires étrangères et de l’Europe) et Sébastien Lecornu (en charge des Armées) lors de leur séjour à Niamey. 

A chaque rythme, sa danse, a-t-on coutume de dire. Cet adage populaire, Emmanuel Macron en a fait désormais sien. Il y a de quoi pour la diplomatie française de changer sa manière de faire en Afrique dès lors que son image est de plus en plus écornée de la France aux yeux de l’opinion de l’Afrique francophone, en général et celle du Sahel en particulier. En raison justement du bilan mitigé de la coopération franco-africaine. C’est là un sentiment largement partagé en Afrique de l’Ouest, ces derniers temps que par exemple l’intervention militaire française dans la lutte contre le terrorisme est loin d’avoir produit l’effet escompté. D’où la brouille entre Bamako et Paris et la «cassure» de la coopération militaire franco-malienne, avec pour conséquence, entre autres, le retrait de la force militaire française Barkhane du territoire malien et sa réarticulation au Niger. Il faut justement réussir cette réarticulation pour justifier la présence militaire française au Sahel et ainsi redorer l’image de l’ancienne puissance colonisatrice qui est en train de prendre des coups, en illustrent les manifestations un peu partout (A Bamako au Mali, à Kaya au Burkina Faso, à Téra au Niger et récemment à N’Djaména au Tchad) avec comme principal slogan «La France, dégage !». Cette ré-articulation se fera selon le schéma suivant : Plus d’actions de développement que d’habitude pour faire reculer la pauvreté (terreau favorable au terrorisme), ce qui suppose l’augmentation de son enveloppe d’appui budgétaire à ses partenaires et de son aide publique au développement à travers les interventions de sa principale agence financière en Afrique, à savoir l’Agence française au développement (AFD) ; plus de participation militaire dans la lutte contre le terrorisme que ce qui a été jusque-là fait, rejoignant par là même l’idée du président nigérien Mohamed Bazoum que les partenaires (dans la lutte contre le terrorisme) se doivent de prendre plus de risques que par le passé pour dissiper tout doute quant à la nécessité de leur présence sur le terrain. Au Niger, la force militaire Barkhane réarticulée ne se limitera pas à des frappes aériennes, mais aussi sera en première ligne, au sol, sur la ligne de front, aux côtés des Forces de défense et de sécurité (FDS) nigériennes. Cette participation terrain sera actée, pour un début, à travers le déploiement de 300 légionnaires du 2e régiment étranger d’infanterie de Nîmes (France) dans la région de Ouallam en coordination avec la force Almahaou pour contenir efficacement la menace terroriste favorisée par le départ des forces françaises Barkhane et européennes Takuba du Mali. Voilà la nouvelle dynamique dans laquelle s’inscrit la France dans la lutte contre le terrorisme, alliant un accroissement substantiel de l’aide au développement et un déploiement militaire opérationnel conséquent sur le terrain. Suffira-t-elle pour produire l’effet escompté, c’est-à-dire à faire reculer le sentiment anti-français et ainsi éviter à «l’Empire qui ne veut pas mourir» de mourir ? That is the question .

Oumarou KANE

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